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Litige foncier à Adjamé : Un opérateur économique et la Mairie se disputent un site, les occupants déguerpis

Publié le : 19 octobre 2024 par Adolphe ANGOUA

Les magasins ont été détruits par les services techniques de la mairie d'Adjamé

Les magasins ont été détruits par les services techniques de la mairie d'Adjamé

Une conférence de presse s’est tenue, le mercredi 16 octobre 2024, au siège de la société Label International à Angré, organisée par son directeur général, Koné Mamadou. Ce dernier a voulu éclairer le public sur un litige foncier qui l’oppose à la mairie d’Adjamé, concernant une parcelle de 8 232 mètres carrés, située en face du Groupe Fraternité Matin. Les tensions autour de cette parcelle se sont intensifiées lorsque les travailleurs de la société ont été déguerpis du site par les services techniques de la mairie le mardi 15 octobre 2024, après une mise en demeure de 24 heures.

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Le cœur du conflit foncier repose sur une convention signée entre le District Autonome d’Abidjan et Label International pour l’aménagement du site litigieux. Selon Koné Mamadou, cette convention portait sur la réalisation d’un vaste complexe sportif comprenant un terrain de football, de basketball, de handball, des vestiaires, quatre kiosques, une conciergerie, un restaurant, quatre blocs sanitaires, et quinze locaux poubelles. L’objectif final était de créer un espace sportif moderne au cœur d’Adjamé.

L’autorisation du District autonome d’Abidjan

Koné Mamadou affirme que sa société avait reçu l’autorisation du District Autonome d’Abidjan pour entreprendre ces travaux, et qu’une bonne partie des infrastructures avait déjà été réalisée. « Plus de la moitié du projet est achevée », a-t-il déclaré, précisant que la mairie d’Adjamé avait toujours été tenue informée de l’avancement des travaux, y compris par la participation de son Secrétaire général à plusieurs réunions.

Le DG de le Label International Koné Mamadou

Le Dg de la société a souligné les nombreux défis auxquels son entreprise a dû faire face pour mener à bien ce projet. Il a notamment rappelé que le site en question était difficile à aménager, mais que l’urgence de sa réalisation était accentuée par la visite imminente d’Anne Hidalgo, maire de Paris, qui devait inspecter le projet. Malgré les intempéries qui ont ralenti l’avancement des travaux, la société a réussi à finaliser 98 % du complexe, au grand contentement des autorités locales, y compris Beugré Mambé, alors ministre-gouverneur du District Autonome d’Abidjan.

Les événements du 15 octobre dernier ont marqué un tournant dans ce projet

Cependant, les événements du 15 octobre dernier ont marqué un tournant dans ce projet. Après la réception de la mise en demeure, les services techniques de la mairie d’Adjamé ont commencé à démolir certaines installations. « Une fois la nuit tombée, ils sont revenus pour tout raser », s’est indigné Koné Mamadou, qui se dit blessé par cette situation. Il estime avoir investi des centaines de millions de francs CFA dans ce projet et déplore l’absence de reconnaissance pour ses efforts.

Pour la mairie d’Adjamé, le site en question appartient à la commune, et non au District Autonome d’Abidjan. Le député-maire d’Adjamé, Farikou Soumahoro, a pris position fermement sur cette affaire, soutenant que la convention signée par le District avec Label International est caduque. Selon lui, la loi sur les collectivités territoriales confère à la mairie la propriété des sites et infrastructures situés dans son périmètre géographique. « Le site appartient bel et bien à notre commune », a-t-il affirmé avec insistance.

Les révélations de Farikou Soumahoro

Le maire a également mis en avant le fait que le contrat initial entre Label International et le District d’Abidjan, signé en 2016, était prévu pour une durée de cinq ans, avec une possible reconduction basée sur un avenant qui aurait dû être signé après la première année d’exploitation. Or, cet avenant n’a jamais été signé, rendant le contrat caduc selon lui. Farikou Soumahoro a expliqué qu’il avait envoyé une mise en demeure en 2019, dès son arrivée à la mairie, et qu’après plusieurs échanges infructueux, il avait décidé de passer à l’action en 2024.

Le député-maire d'Adjamé Farikou Soumahoro

Le litige entre Label International et la mairie d’Adjamé met en lumière un problème plus large de gestion des espaces publics en Côte d’Ivoire, où les compétences entre les districts autonomes et les communes ne sont pas toujours clairement définies. Le maire Soumahoro affirme que sa commune a un projet de construction de trois terrains synthétiques sur ce site, et qu’il est de son devoir de récupérer ce qui appartient à la municipalité.

Le directeur général de Label International, quant à lui, conteste cette interprétation de la loi et de la convention. Il a décidé de saisir ses avocats pour poursuivre cette affaire devant les tribunaux, espérant ainsi obtenir réparation pour les pertes subies et la destruction de ses installations. « Ai-je mal fait d’aimer mon pays en y réalisant un tel projet ? » s’est-il interrogé, exprimant son amertume face à ce qu’il considère comme une injustice flagrante.


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Article rédigé par

Adolphe ANGOUA

Journaliste Reporter

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