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Côte d’Ivoire : La fin de l’aide américaine touche 265 000 patients sous ARV
Publié le : 05 mars 2025 par DJOMANDE Aziz

DES ANTI RETROVIRAUX (ARV) (PH:DR)
Les disparités avec la partie américaine créent en 35 jours de rupture un dysfonctionnement de toute la chaine sanitaire. La suspension de l’aide américaine via le PEPFAR (Plan d’urgence contre le sida) active une crise sanitaire circonstanciée en Côte d’Ivoire. Le programme, qui injectait 100 millions de dollars par an (soit 50 à 60 % du budget national anti-VIH), finançait 85 % des traitements antirétroviraux (ARV) et 75 % des nouvelles inclusions thérapeutiques.
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« Sans le PEPFAR, c’est l’effondrement de toute la chaîne de soins », alerte un récent rapport de Sidaction. Avec 265 000 patients dépendant de ces fonds et 91,6 % des structures de soins financées par Washington, les ruptures d’ARV et de tests de charge virale se multiplient. « Des vies sont en jeu. Les États-Unis ont sauvé des millions d’Ivoiriens, leur retrait est une trahison », dénonce la vice-présidente de la Plateforme engagée pour la prise en chargement du Sida et autres pandémies en Côte d’Ivoire.
La rupture totale des traitements
Sans l’Amérique, à quel Saint, nos malades devraient-ils se vouer ? D’ores-et-déjà, les premiers effets de la suspension sont déjà visibles. Pénuries d’ARV dans 70 % des districts sanitaires ; Charge virale non suivie pour des milliers de patients, risquant une résistance aux médicaments et ; 85 % des enfants sous traitement et 95 % des programmes de prévention (PrEP) menacés.
« Les stocks d’ARV pédiatriques sont au plus bas. Des mères viennent pleurer dans nos centres », témoigne une travailleuse communautaire à Bouaké. Malgré les promesses d’allouer 15 % du budget national à la santé (Sommet d’Abuja, 2001), la Côte d’Ivoire n’y consacre que 5,95 % en moyenne. « Comment croire à l’indépendance sanitaire quand on dépend à 70 % de l’étranger ? », interroge l’ONUSIDA.
Le gouvernement avait pourtant lancé en 2024 une feuille de route pour l’autonomie financière d’ici 2030, mais les mesures tardent. « Sans urgence, les décès liés au sida vont exploser, comme dans les années 2000 », prévient un membre de la Plateforme des Réseaux de lutte contre le sida.
La Société civile déjà à bout de souffle
Les 3 591 agents communautaires payés par le PEPFAR et le Fonds Mondial sont en alerte. « Notre salaire n’est plus assuré. Comment motiver les équipes ? », s’inquiète Diarra Koné, coordinatrice d’une association à Daloa. Ces acteurs-clés assurent 80 % du dépistage, l’adhésion aux traitements et le soutien psychosocial. Leur disparition signerait aussi la fin des programmes contre la tuberculose (1 308 agents) et le paludisme (2 678 agents), aggravant la crise.

Pour éviter un désastre, la Plateforme des Réseaux exige d’accélérer la feuille de route gouvernementale pour un financement durable ; de mobiliser des fonds locaux via des taxes sur l’alcool, le tabac ou les transactions financières et de sauver les acteurs communautaires en intégrant leurs salaires dans le budget national. « Le temps est compté. Chaque jour sans ARV tue », insiste un membre de la Plateforme à Yamoussoukro.
« La Côte d’Ivoire a prouvé qu’elle pouvait réduire le sida. Aujourd’hui, elle doit prouver qu’elle peut survivre sans donateurs », souhaite la Plateforme qui espère dans les jours à venir voir une intervention imminente du Gouvernement sur la question et également le renforcement du Fonds National de Lutte contre le Sida (FNLS) sera d’un apport indéniable.
Suspension de l’aide américaine: l’AES et la RDC premiers concernés en Afrique francophone
— RFI (@RFI) February 4, 2025
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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