ACCUEIL Politique

Politique

Le parti de Laurent Gbagbo s'en remet à l'administration Trump

Publié le : 22 février 2025 par Samuel KADIO

Laurent Gbagbo et Donald Trump (collage Photo)

Laurent Gbagbo et Donald Trump (collage Photo)

Le parti de l’ancien président mise sur l’influence américaine pour peser dans les négociations politiques et faire évoluer la position du gouvernement ivoirien.

  • Partagez sur

Les députés du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) ont été reçus, lundi 18 février 2025, par l’ambassadrice des États-Unis à Abidjan, Jessica Davis Ba. La délégation était conduite par l'ancien ministre Emile Guiriéoulou, député de Guiglo. 

Cette rencontre de deux heures, à l’initiative de la diplomate américaine, s’est tenue à la résidence de l’ambassadrice. Elle intervient dans un contexte marqué par des débats tendus autour de la Commission Électorale Indépendante (CEI) et de l’éligibilité de plusieurs leaders de l’opposition, dont l’ancien président Laurent Gbagbo.

Un appel diplomatique stratégique

Selon des sources proches du PPA-CI, les échanges avec l’ambassadrice Jessica Davis Ba portaient sur la situation sociopolitique du pays et les perspectives électorales de 2025.

Les députés du parti de l’ancien président ivoirien ont exprimé leur volonté de voir Washington jouer un rôle d’arbitre dans la crise liée à l’éligibilité de leur leader, alors que leurs multiples sollicitations auprès du gouvernement ont essuyé une fin de non-recevoir. 

"Nous avons discuté de la nécessité d’un processus électoral inclusif et transparent. Il est essentiel que toutes les forces politiques puissent participer pleinement à la présidentielle de 2025", a confié à Linfodrome un député membre de la délégation.

La représentante de l’administration Trump en Côte d'Ivoire a pour sa part indiqué avoir pris note des doléances et rappelé la position traditionnelle des États-Unis sur la nécessité d’un processus électoral transparent et inclusif.

Un obstacle juridique majeur

Laurent Gbagbo, bien que désigné candidat par son parti, reste frappé d’inéligibilité en raison de sa condamnation par la justice ivoirienne dans l’affaire du braquage de la BCEAO en 2018. Sa grâce, accordée par le président Alassane Ouattara, n’annule pas cette condamnation, contrairement à une amnistie qui aurait levé toute entrave juridique à sa candidature.

Pour le PPA-CI, cette situation constitue une injustice politique. "Nous continuerons à user de tous les moyens légaux et diplomatiques pour que le président Laurent Gbagbo puisse recouvrer ses droits civiques", a affirmé un cadre du parti.

Depuis mai 2024, le PPA-CI intensifie son rapprochement avec Washington, qu'il espère rallier à sa cause. Après une rencontre le 14 mai à l’ONU, une délégation du parti a été reçue, trois jours plus tard, au Département d’État et au National Security Council à Washington DC. Lors de ces échanges, ils ont plaidé pour la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale et une réforme de la CEI. 

Les USA, un acteur attentif à la politique ivoirienne

Les États-Unis sont très attentifs à la situation politique en Côte d'Ivoire. Washington a, par le passé, pris des mesures fermes à l’encontre des acteurs politiques ivoiriens lorsque le processus démocratique était menacé. En février 2006, l’administration de George W. Bush avait imposé des sanctions contre plusieurs dirigeants ivoiriens accusés d’entraver le processus de paix enclenché en 2003, à la suite de la rébellion de 2002 contre le président Laurent Gbagbo.

En 2010, au plus fort de la crise post-électorale opposant Gbagbo à Alassane Ouattara, la Secrétaire d’État Hillary Clinton avait décrété des restrictions de voyage à l’encontre de l’ex-président et de ses proches, y compris son épouse Simone Gbagbo, ainsi que plusieurs figures de son entourage. Les visas américains des personnes concernées avaient été annulés, les rendant persona non grata aux États-Unis.

Cette position ferme de Washington avait été perçue comme un soutien implicite à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme vainqueur du scrutin présidentiel de 2010. Aujourd’hui, le PPA-CI espère une posture similaire des États-Unis : une pression diplomatique sur les autorités ivoiriennes afin de permettre à Laurent Gbagbo de retrouver ses droits civiques et de prendre part au scrutin présidentiel du 25 octobre 2025.


Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.

Recevez le résumé quotidien de l’info en Côte d’Ivoire

La newsletter est gratuite et vous pouvez vous désinscrire à tout moment ! Profitez du meilleur de Linfodrome dans votre boite mail !

DONNEZ VOTRE AVIS SUR LE SUJET


Article rédigé par

Samuel KADIO

Journaliste Reporter

LINFODROME NE VIT QUE DU SOUTIEN DE SES LECTEURS

Abonnez-vous à partir de 1€ et soutenez le premier quotidien en ligne 100% indépendant, sans financement public ou privé.