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Togo / Exportation du Karité : Le Gouvernement se radicalise pour sauver l’Industrie locale 

Publié le : 31 mars 2025 par DJOMANDE Aziz

LA FILIERE KARITE (PH:DR)

LA FILIERE KARITE (PH:DR)

Le gouvernement togolais a annoncé une mesure choc : la suspension temporaire des exportations de noix et d’amandes de karité. Cette décision, prise en urgence par les ministères du Commerce, de l’Agriculture et des Finances, vise à résoudre une crise majeure : les usines locales de transformation manquent cruellement de matière première. 

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« Nos unités tournent au ralenti. Sans cette suspension, l’industrie locale risquait l’effondrement », explique le ministère du Commerce.  Avec une production annuelle de 40 000 tonnes, le Togo peine à répondre aux besoins de ses géants industriels comme NIOTO (35 000 tonnes/an) et Label d’Or (10 000 tonnes/an). Résultat : les usines fonctionnent à moins de 50 % de leur capacité, malgré le potentiel du karité togolais, prisé pour ses vertus cosmétiques et alimentaires

Togo vs. marché mondial : Un équilibre difficile

« Nous importons parfois de la matière première du Burkina Faso, mais c’est un non-sens économique », déplore Koffi Adjo, dirigeant d’une PME locale.  Le Togo est le 7ᵉ producteur mondial de karité et représente 5 % des exportations ouest-africaines, avec 25 000 tonnes vendues à l’étranger chaque année.

Mais cette domination sur les marchés internationaux a un prix : les transformateurs locaux sont étranglés par la concurrence des acheteurs étrangers, prêts à payer plus cher. « Les exportateurs privés drainent 60 % de la production vers l’Europe ou l’Asie, laissant les miettes aux Togolais », dénonce Ayawoe Agbéko, expert en économie agricole.

Cette suspension s’inscrit dans un plan plus large : valoriser la transformation locale pour capter davantage de valeur ajoutée. Le gouvernement mise sur l’industrialisation pour réduire la dépendance aux exportations brutes et créer des emplois, notamment pour les femmes rurales, principales collectrices de noix de karité. « Transformer sur place, c’est multiplier par 5 les revenus. Une brique de beurre de karité vendue 2 000 FCFA ici en vaut 10 000 à l’export », souligne le ministre de l’Agriculture, Noël Koutéra Bataka. 

Les réactions des acteurs du secteur

Si les industriels saluent la mesure, les petits exportateurs et producteurs indépendants redoutent un manque à gagner. « Cette suspension va tuer mon business. Je vends 80 % de ma récolte à des acheteurs ghanéens », témoigne Afi, collectrice dans la région de Kara. Du côté des usines, l’optimisme règne : « Enfin, nous pourrons approvisionner nos machines à plein régime », se réjouit Kodjo Lawson, directeur de NIOTO. 

La durée de la suspension, bien que non précisée, va permettre au gouvernement de procéder à une réévaluation d’ici 6 mois. Le karité génère 15 % des revenus d’exportation agricole du Togo.  En coulisse, le Togo se préparer l’entrée sur le marché des produits finis (beurre, cosmétiques) labellisés « Origine Togo ».  Cette décision pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés au même dilemme, comme le Burkina Faso ou le Bénin, où le karité reste majoritairement exporté brut. 

 

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Article rédigé par

DJOMANDE Aziz

Journaliste Reporter

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