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Échange téléphonique entre Soro Guillaume et Djibril Bassolé: La gendarmerie Burkinabé entre en action

Publié le : 17 novembre 2015 par SYLLA Arouna

La conversation entre Soro Guillaume et Djibril Bassolé continue de susciter de l'intérêt. (Photo d'archives)

L’enregistrement présenté comme une conversation, pour le moins grave, entre Guillaume Kigbafori Soro et Djibrill Bassolé, n’en finit pas de susciter de l'intérêt.

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Du côté de Ouagadougou, on apprend que la gendarmerie Burkinabé a entamé l'authentification de la bande au centre de la grosse polémique qui entoure cette affaire. C'est « Alerte Info » qui a balancé l'information, dimanche 15 novembre 2015, citant une source interne. La gendarmerie « est en train de faire authentifier (l’enregistrement présumé de Guillaume Soro et Djibrill Bassolé). Ce n’est pas encore fini », a indiqué la source à Alerte Info sans donner d'autres précisions.

Certainement cette entrée en action des hommes de la maréchaussée du « pays des hommes intègres », pourrait aider à mieux se faire une idée sur cette bande de 16 minutes 32 secondes dans laquelle, on entend des voix attribuées au président de l’Assemblée nationale de Côte d'Ivoire et à l'ex-ministre des Affaires étrangères du Burkina-Faso sous Blaise Compaoré, évoquer des actions pour déstabiliser la transition conduite par Michel Kafando. « On frappe dans une ville, en haut quelque part là-bas. On récupère un commissariat, une gendarmerie… Eux, ils vont fuir, ils ne peuvent pas résister, et comme on me dit que l’armée est autour de Ouagadougou, l’armée va vouloir se réorganiser pour aller vers là-bas…», entend-on de la voix présentée comme celle de Guillaume Soro. Et, Djibrill Bassolé, du moins la voix qui lui est attribuée, d'acquiescer par « hein, hein ». « Il y a deux personnes chez vous là, que moi je ne laisserai jamais, Bassolé. En tous cas, quand on va finir tout ça là, ces deux personnes là, tu dois accepter que je règle. Il y a Salif Diallo (ancien conseiller de Blaise Compaoré aujourd’hui bras droit de Roch Marc Christian Kaboré, Ndlr) et puis un Sy là (Chérif Sy, le président du Parlement de la transition Burkinabé, Ndlr)… Ah non, non, non, ça je ne vais pas laisser, Bassolé, non, non, non…Ces gens peuvent pas vivre et vous allez être tranquille. Quelle que soit ta bonne volonté Bassolé, ceux-là que j’ai cités là, ils ne peuvent pas être vivants et le Burkina va être tranquille », ajouterait l'ex-chef du gouvernement ivoirien. Et de lâcher : « Est-ce que toi tu imagines que nous, on aurait pu faire ce qu’on est en train de faire si Tagro et puis IB étaient vivants ? C’est-à-dire que tous les jours, IB allait chercher à faire un coup d’État (rires)… ».

Quand ces propos accablants ont fait le tour des réseaux sociaux, jeudi 12 novembre 2015, certains ont apporté un crédit à cette conversation, d'autres ont parlé d'un montage. « Il s’agit d’un enregistrement qui a été monté à partir d’un bout de phrase, d’un bout de conversation entre mon patron (Soro Guillaume, Ndlr) et le général Bassolé. Un bout de conversation qui n’a duré que 4 minutes. Le général Bassolé a appelé le patron. Il était dans une situation où c’était un peu dur... Mais surtout, l’objet de son appel était de dire au patron qu’il voulait quitter le Burkina, vu l’allure que les choses prenaient. Il ne faisait pas l’objet d’une restriction de mouvement. Il voulait même aller au Maroc pour se reposer un peu... », a réagi à Soir Info, le Conseiller spécial en communication de Soro Guillaume, le journaliste Touré Moussa.

Pour lui, son chef, qui « a dirigé une rébellion pendant 8 ans », ne peut s'amuser à parler de telles choses sur un téléphone non sécurisé. « Ouattara est réélu. Le débat qui a commencé immédiatement après, c’est quand Ouattara a commencé à parler de révision constitutionnelle, pour dire qu’on va faire la vice-présidence, cela a ouvert la succession. Je peux vous dire que sur la liste des 14 candidatures déclarées, la plupart sont unanimes pour dire que Guillaume Soro a pris une avance. Donc, c’est le candidat à abattre. On sort donc un truc grossier comme cela, rien que pour l’abattre. Ça sert uniquement à abattre Guillaume Soro qu’on considère comme un candidat sérieux pour la succession…. On veut nous couler », a accusé M. Touré, soulignant qu'« un contact du patron » a promis de « lui faire parvenir l’enregistrement original qui dure 4-5 minutes, et qui n’est pas long ».

Le lendemain vendredi 13 novembre 2015, comme promis, une bande présentée comme celle d'une conversation entre Soro Guillaume et Djibril Bassolé, cette fois d'une minute, 43 secondes, est balancée sur internet. Fait notable : aucune allusion n'est faite à une quelconque déstabilisation de la transition au Burkina-Faso. Cette bande, loin de faire estomper la polémique, l’amplifie.

Soro monte lui-même au créneau

Le chef du parlement ivoirien monte lui-même au créneau. Au travers des tweets sur sa page facebook, il écrit, vendredi 13 novembre 2015, successivement ceci : « Je savais que ça allait être dur! Mais je ne savais pas qu'on irait si loin! Grossier!; Chers tous, le chemin est encore long et peut être rocailleux, avançons sans rancune ni haine ; Sur le chemin, j'ai pris beaucoup de coups! Ce dernier "joli" coup aurait pu être imparable si on n'en avait pas trop fait!; A présent que le souffle est passé, recentrons nous sur le métier, les sens en éveil! Voyons l'agenda ».

Au niveau de la classe politique ivoirienne, ce sont les deux tendances du Front populaire ivoirien (Fpi) qui ont plus donné de la voix.

Le Secrétaire général et Porte-parole par intérim du Fpi-Affi, Krékré Firmin, a indiqué que son parti a « décidé de saisir le procureur de la République de Côte d’Ivoire afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire d’une extrême gravité ».
Quant au Fpi-tendance Sangaré, son premier Secrétaire général adjoint et Porte parole par intérim, Koné Boubakar, a invité « le procureur de la République, au regard de l’aveu de Guillaume Soro sur l’assassinat de notre camarade, le ministre d’Etat Désiré Tagro, à s’auto saisir courageusement comme l’exigent ses obligations ». Il a ajouté que « le Fpi demande au Procureur de la Cour pénale internationale (Cpi), en s’appuyant sur l’aveu de Guillaume Soro, d’ouvrir maintenant une enquête sur Alassane Ouattara et ses proches, en ce qui concerne le dossier de la crise électorale ».

Pour l’avocat de Djibril Bassolé, Me Alexandre Varaut, il s'agit de « manipulation » et de « bidouillage ». « Cela fait 45 jours qu’on nous dit que cette bande existe, et qu’on la réclame, et au lieu d’apparaître dans le dossier, elle apparaît sur Internet. Ce n’est pas un hasard », a-t-il expliqué à jeuneafrique.com. « Cette conversation n’a jamais eu lieu. Oui, Bassolé s’est entretenu avec Soro après le coup d’État, comme il s’est entretenu avec de nombreuses personnalités de la région qui l’appelaient pour prendre des nouvelles. Il n’a jamais été question de financer le putsch ou d’établir la tactique. Bassolé n’a jamais tenu de tels propos, et s’il avait entendu Soro dire ces choses-là, il aurait raccroché », a-t-il insisté, soulignant que « l’épouse de Bassolé ne reconnaît pas sa voix ».

Mais pour jeuneafrique.com, une source proche du Premier ministre Burkinabé Isaac Zida, précise que la bande de 16 minutes, 32 secondes est identique à celle évoquée, il y a quelques semaines, et sur laquelle s’est notamment basée la justice burkinabé pour inculper Djibril Bassolé « d’attentat à la sûreté de l’État », de « haute trahison » et de « collusion avec des forces étrangères ».

Avec toute cette polémique, il est fort possible que cette affaire continuera de susciter un réel intérêt. Aussi bien en Côte d'Ivoire qu'au Burkina-Faso.

SYLLA Arouna

Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites


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Article rédigé par

SYLLA Arouna

Journaliste Reporter

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