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Dabou/ Hôpital méthodiste: Scandale autour de la mort d’une femme enceinte

Publié le : 09 juillet 2015 par Norbert N'Kaka

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

L’hôpital méthodiste de Dabou serait-il devenu un mouroir ? Tout porte à le croire, tellement les plaintes se succèdent à la suite de décès constatés.

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En effet, la plupart des usagers se plaignent des prestations de ce centre hospitalier de renom, subventionné par l’État ivoirien et la coopération suisse. En tout cas, le décès de Dago Deuh Eugénie, le jeudi 25 juin 2015, semble avoir ouvert la boîte de pandore sur les comportements peu recommandables de certains agents.

Diongue Mamadou, industriel et époux de Eugénie, 34 ans, que nous avons rencontré, le vendredi 26 juin 2015, au quartier Ancien Dabou où il réside, ne cache pas son amertume et sa colère. «Je vais porter plainte contre les responsables de cet hôpital parce qu’ils ont tué mon épouse. Ce sont des criminels », nous lance-t-il en sanglots.

Que s’est-il passé exactement ? C’est un homme ravagé par la douleur qui nous raconte les péripéties qui ont conduit à ce drame. «Le mardi 23 juin, au réveil, mon épouse qui porte une grossesse de quatre mois, perd sa poche d’eau. Elle me le signale. Sans perdre de temps, je la conduis à l’hôpital méthodiste de Dabou pour des soins appropriés. C’est à 8 h 30 que nous sommes reçus par une sage-femme du nom de Mme Dagnogo Léa épouse N’Guessan, au service de gynéco-obstétricale. Après les formalités d’usage, on me tend une ordonnance de 8000 F.Cfa. Par la suite, les sages-femmes Mlle Koffi et Mme N’Guessan nous font attendre jusqu’à 11 h, avant de me signifier que mon épouse doit subir un examen échographique. Trois bonnes heures s'étaient écoulées », raconte Diongue Mamadou, avant de poursuivre. « A ce moment, je sentais que ma femme allait de plus en plus mal. Je débourse encore 10. 000 F Cfa pour les frais mais c'est à 19 h qu’on m’apporte le résultat. Après quoi, ma femme est admise dans une salle d'hospitalisation. A 21 h30, alors que mon épouse est presque dans le coma, Mme N’Guessan me soumet à un marchandage. Elle me signifie que ma femme doit subir un traitement qui coûterait officiellement 200 000 F Cfa mais si je m'entends avec le gynécologue, je peux donner 100 000 Fcfa ; une sorte d’arrangement. J’ai trouvé cela bizarre dans un hôpital de renom. Mais voyant l’état de santé de mon épouse qui se dégradait, j’ai mordu à l’hameçon. C’est à la suite de cela qu’on lui place une perfusion et lui administre d’autres médicaments pour évacuer le fœtus. Je suis donc resté au chevet de ma femme jusqu’au petit matin du 24 juin 2015 ».

Un autre arrangement de 100.000 FCfa

La colère à fleur de peau, Diongue Mamadou arrive tout de même à continuer : « Vers 9 h, le gynécologue arrive. Il propose que ma femme passe au bloc opératoire parce que les médicaments n’ont pas produit l’effet escompté. On m’indique qu’on doit lui faire une anesthésie locale pour extraire le fœtus. Puis Mme N’Guessan me fait le même marchandage en me proposant un autre arrangement de 100 000 Fcfa, selon les recommandations du gynécologue. Ce que je fais toujours dans l’espoir que cela sauverait ma femme. Le mercredi 24 juin, à 16 h, elle entre au bloc. Trois heures plus tard, on la fait sortir et elle est admise dans une salle d'hospitalisation, en attendant que l’anesthésie passe. Je profite alors pour aller chercher à manger, surtout qu’elle a passé deux jours sans manger. Mais à 20 h, la douleur reprend. Pendant ce temps, les deux sages-femmes sont relayées par deux autres. Les moments qui suivent, ma femme se met à vomir. Je m’empresse à son chevet pour ramasser les vomissures sous le regard indifférent des nouvelles sages-femmes qui devaient, en principe, le faire. De plus, elles m’intiment l’ordre de sortir de la salle. On m’empêche désormais d’assister ma femme dont l'état se dégradait visiblement. En colère, mon épouse demande que l'infirmière lui enlève la perfusion. Sans aucune autre forme de procès, elle s’exécute sans même consulter le médecin de service. Puis, elle exige à nouveau que je sorte. Il est 1h du matin et je me retire pour revenir le lendemain jeudi 25 juin 2015, à 5h. Curieusement, toutes les portes sont hermétiquement fermées. Je sonne et la même infirmière me signifie que mon épouse est en soins intensifs. Je faisais le pied de grue jusqu’à 8 h, quand le gynécologue dont j'ignore encore le nom, arrive. 45 minutes plus tard, il m'appelle pour me signifier que mon épouse est décédée. J’étais choqué et meurtri car convaincu que le comportement des praticiens de cet hôpital est à la base du décès de ma femme. Je veux que justice soit faite pour que ces agents paient leur forfaiture », conclut M. Diongue.

Le 27 juin 2015, après avoir pris le soin de prendre rendez-vous, nous nous rendons à l'hôpital méthodiste pour rencontrer Mme Nguessan, afin de vérifier les graves accusations du mari de la jeune dame décédée. «Je n’ai rien à vous dire. Si le mari de la défunte estime qu’on a assassiné sa femme, nous allons assumer nos responsabilités », soutient la sage-femme qui signifie qu'elle ne peut répondre à nos questions sans l'aval de sa hiérarchie. Au bout de 5 minutes, nos échanges prennent fin. Par ailleurs, l'identité du gynécologue reste un sujet tabou. C'est toute furieuse que Mme Nguessan a refusé de nous donner le nom du praticien, accentuant le doute sur leurs prestations qui n'ont pu éviter la mort de Dago Deuh Eugénie.

Méprise des responsables de l’hôpital

Le jeudi 2 juillet 2015, à 12 H 30, nous nous rendons à l’hôpital méthodiste pour rencontrer le directeur adjoint, Dr. Gohou Jean Paul. Mais l’un des agents de cette structure sanitaire nous signifie qu’il est très occupé. En définitive, nous revenons à 15 h 37 au bureau du directeur des ressources humaines (Drh) M. Agbédjé Mathias. Ce dernier nous demande de passer par le secrétariat, avant qu’il ne nous reçoive. Ce que nous faisons. Toutefois, nous constatons que la secrétaire en question est absente. Finalement, il nous reçoit.

Mais après lecture de notre ordre de mission qui indique que nous enquêtons sur la « mort d’une dame, survenue dans les locaux de l’hôpital méthodiste », M. Agbédjé change d'humeur. « Vous venez comme ça vous promener dans notre centre. Je ne suis pas obligé de vous recevoir. Donc vous allez sortir, sinon j’appelle les gardes pour vous balancer dehors comme un malpropre», menace-t-il. « C’est une violation de mon service. Je vous demande de sortir immédiatement, auquel cas je vais vous régler votre compte. Vous êtes indésirable ici », vitupère-t-il de plus belle, en présence de ses stagiaires. Sans mot dire, nous sortons.

Au moment de quitter les lieux, l’un des responsables qui a suivi la scène, nous approche pour nous signifier tout son regret face à l’attitude de M. Agbédjé. « Le Drh va nous causer des problèmes. Je vous présente des excuses », déclare-t-il, sous le sceau de l’anonymat. Notons que des indiscrétions dénoncent l'affairisme qui serait de mise dans cet hôpital, par le fait d'agents véreux. « Ici, si tu ne payes pas, tu meurs », apprend un visiteur qui attendait d'être reçu.

Relativement à cette affaire, il est nécessaire que la direction de l'établissement sanitaire monte au créneau afin de dissiper le doute et situer les responsabilités.

Norbert Nkaka (A DABOU)

Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites


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Article rédigé par

Norbert N'Kaka

Journaliste Correspondant

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